Interview
de Olivier Raynard

1024 578 Gilles Papon

Olivier RAYNARD
est Directeur de la Délégation Poitou-Limousin
Agence de l’eau Loire-Bretagne

pour Limoges Métropole

En quoi la nouvelle station
va permettre d’être plus éco-responsable ?

La station d’épuration de Limoges a été classée prioritaire par l’agence de l’eau en raison de son impact sur le milieu naturel récepteur. Elle représente aujourd’hui 75% des pressions liées aux rejets domestiques et industriels sur la Vienne entre le Palais- sur-Vienne et Saint-Junien.

Une partie importante des 900 km de réseaux raccordés à la station d’épuration a un caractère unitaire lié à l’urbanisation historique de la ville (absence de séparation des eaux usées et eaux de pluie qui se retrouvent mélangées). Un réseau unitaire a tendance à stocker la pollution par temps sec (dépôts) et à la relarguer lors d’épisodes pluvieux. La future station, en cours de modernisation, pourra absorber davantage de ces effluents domestiques entraînés par les pluies.

Comment valoriser
nos eaux usées sur le territoire ?

À ce jour, la problématique est plutôt liée au traitement des eaux usées, de manière économe et efficace. Tout d’abord en milieu rural, l’agence de l’eau encourage la mise en place d’assainissements non-collectifs moins coûteux et moins impactant sur le milieu naturel à travers des rejets plus diffus.

Dans les bourgs et gros villages, des solutions rustiques collectives (filtrations sur du sable et plantés de roseaux,…) sont favorisées car simples à entretenir et tout de même efficaces. L’assainissement des collectivités plus importantes (supérieures à 2000 équivalents habitants) a plutôt recours à des systèmes de stations de type « Boues activées » pour leur efficacité supérieure notamment sur les nitrates et le phosphore. L’efficacité d’un système d’assainissement est liée au bon fonctionnement mutuel du réseau d’assainissement et de la station d’épuration.

Afin de préserver la ressource en eau,
quels doivent être les nouveaux modes de gestion ?

Dans un contexte de changement climatique, nos modèles d’aménagement des villes et des campagnes, et notre vision du partage de l’eau doivent aussi évoluer. Il s’agit de faire en sorte d’infiltrer les eaux pluviales au maximum à la source, au lieu de les évacuer via des canalisations. De nombreuses techniques existent : chaussées filtrantes, zones d’infiltration des eaux de gouttières lorsque la perméabilité du sol le permet, création de noues végétalisées… permettant une rétention des eaux de ruissellement.

Réduire l’usage de produits domestiques, artisanaux ou industriels polluant, en les substituant par des produits qui le sont moins, est aussi une solution qui permet de réduire les pollutions à la source.

Mais, il faut aussi aujourd’hui réfléchir aux futurs partages pour que les rivières ou plans d’eau aient suffisamment d’eau et de bonne qualité, et pour que les différents usages de l’eau (domestiques, industriels, agricoles…) puissent s’adapter au changement climatique avec la ressource en eau de demain.

C’est le sens de l’étude stratégique sur la préservation de la ressource en eau que l’agence de l’eau finance avec le département de la Haute-Vienne et à laquelle participe Limoges Métropole.